Dans le grand livre de la vie, on est un, on est deux puis vient le troisième.

Sur la page du milieu, entre les deux, je vois d'abord le blanc, puis j'y dépose une trace , souvent un fragment venu d'un ailleurs.

Cela peut être un signe, un morceau de corps, une lettre, un mot. Apparaît ensuite la parole qui donne vie et nom, la parole qui dit, qui réunit, qui sépare. Souvent dans un moment d'attente.Je n'ai pas d'idées, je ne possède rien, j'ai juste un corps en veille.

La peinture se résume à ce lieu vide, ce lieu du milieu qui appelle.

triptyque

Avant de commencer à peindre , je pensais que seuls les monstres pouvaient vraiment se rencontrer sur les terrains de bataille du quotidien et que les corps et les mots étaient faits pour être enfermés, pour toujours, dans les armoires de famille.

Depuis mon travail autour des triptyques, je découvre des corps qui s'étirent et se balancent, s'attirent ou se repoussent. Des corps ocres et bleus, forts, actifs, des corps vibrants qui parlent même quand ils sont muselés.

Parfois je les fuis, parfois je les reçois et je rentre en eux et ils deviennent moi.

Dans mes triptyques, je travaille par superpositions, par appels, par attirances, par rejets, par déchirures et par contraintes. Mes recherches sont difficiles, chaque étape un vrai combat pour que la peinture devienne un corps-mot, un corps en mouvement.